Pour faire oublier Paul Biya, Maurice Kamto promet une Coupe du monde au Cameroun

Jeune Afrique | En ouverture de l’année électorale camerounaise, l’opposant a affirmé dans ses vœux qu’il pourrait obtenir la co-organisation de la Coupe du monde de football 2038.

Si le football est vraiment l’opium du peuple, Maurice Kamto promet un shoot mémorable à ses compatriotes camerounais. Dans son discours de fin d’année 2024, le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a laissé miroiter une Coupe du monde de football sur le sol camerounais, dans moins de quinze ans. Une compétition qu’il situe d’ores et déjà en 2038, en « co-organisation avec trois pays frères, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et la Ghana ».

Le principe des co-organisations a déjà été validé par la FIFA, même si le nombre de pays associés n’a jamais été si élevé. Comme l’indique aussi l’ancien ministre délégué à la Justice, « la contribution exceptionnelle du Cameroun tant au football africain qu’au football mondial (…) autorise une telle ambition », notamment en combinaison avec « quatre grandes nations de football africain et mondial dotées d’infrastructures de classe mondiale », toutes ayant déjà exprimé leur désir de candidature. Et la FIFA a déjà fait confiance à l’Afrique, le continent ayant accueilli la Coupe du monde en 2010…

Promesse de politicien

Mais, s’il promet « un maximum d’efforts et de ressources diplomatiques pour convaincre les uns et les autres de la pertinence d’un tel projet », Maurice Kamto conditionne tout de même cet ambitieux objectif au « soutien » de ses interlocuteurs. Il sait, surtout, que cette promesse peut l’aider dans ses objectifs politiques, dans un pays où le ballon rond s’invite régulièrement dans le champ politique.

Maurice Kamto a déjà brigué la magistrature suprême, obtenant 14,23% des voix, en 2018. Il a aussi déjà annoncé sa candidature au prochain scrutin présidentiel et sait que la perspective d’une célébration suprême du sport-roi, au Cameroun, lui assurerait un buzz dans le flot des vœux de fin d’année. Le rendez-vous électoral devrait se tenir en octobre et les grandes manœuvres politiciennes ont déjà débuté.

Dans cette perspective, le camp présidentiel avance à peine masqué. Comme c’est l’usage dans bien des pays où le chef de l’État a un âge certain, c’est l’entourage qui a commencé à esquisser la perspective d’une nouvelle candidature « naturelle » de Paul Biya qui aura, au moment de l’élection, 92 ans et quasiment 43 ans de présidence.

Lors de son discours de fin d’année, le 31 décembre, le président en exercice le plus âgé de la planète a annoncé « une année pleine de défis ». À titre personnel, même s’il entretient toujours le doute sur son envie de solliciter à nouveau le suffrage des Camerounais, il a tenu à déclarer à ses concitoyens : « Je puis vous assurer que ma détermination à vous servir demeure intacte et se renforce au quotidien, face à l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés. »