La Croix Africa | Le Vatican a annoncé samedi 20 mai la reconnaissance des vertus héroïques du père Simon Mpeke.
Avec cette décision, celui qui est plus connu comme « Baba Simon » devient le premier vénérable camerounais.
Pour la première fois, un Camerounais a été déclaré « vénérable » par l’Église catholique : samedi 20 mai, le Vatican a en effet annoncé la reconnaissance des vertus héroïques du père Simon Mpeke (1906-1975), plus connu localement comme « Baba Simon ». « J’ai reçu cette nouvelle avec une grande joie car nous l’attendions en prière depuis des années », se réjouit ainsi Justin, un séminariste du diocèse de Maroua-Mokolo, justement évangélisé par le nouveau vénérable.
« Je ne suis pas né à cette époque, mais mon grand-père m’a raconté beaucoup de belles choses sur Baba Simon, atteste de son côté Sir Agnes Dedjehe, un natif de la région. Bien que je ne sois pas chrétien, Baba Simon nous a amenés à vivre ensemble, indépendamment de notre religion différente. Il ne faisait pas de distinction entre chrétiens et non-chrétiens. Il était un exemple pur de vie commune par l’amour. »
Originaire de la tribu ethnique Bakoko dans la région du Littoral au Cameroun, Simon Mpeke a été fasciné par la foi catholique dans sa jeunesse. Il s’est converti, a quitté sa fiancée et est entré au séminaire en 1927 pour être ordonné le 8 décembre 1935. Il est devenu l’un des fondateurs pionniers de l’Union Sacerdotale Jésus-Christ de Saint-Charles de Foucauld au Cameroun après avoir été inspiré par leur spiritualité.
Gagner l’amitié des guerriers
Mais c’est pour son action auprès des Kirdis – dont le nom signifie généralement « païens » ou « esclaves » – que Baba Simon est le plus reconnu. Après avoir lu un article sur l’existence de cette population païenne dans l’extrême nord du pays et avoir ressenti un appel intérieur à les évangéliser, le prêtre s’est dédié à cette cause der 1959 à sa mort.
Le premier missionnaire camerounais a ainsi évangélisé la paroisse Saint-Joseph de Tokombere, un territoire très vaste dans le diocèse de Maroua-Mokolo. Tokombere, qui signifie « guerriers », était alors une région très instable et un champ de bataille pour les envahisseurs venus du Soudan, réduisant les Kirdis en esclavage ou en les forçant à se convertir à l’islam. À force de patience et de visites constantes dans leurs montagnes gardées comme des forteresses contre les intrus, le prêtre avait réussi à gagner l’amitié des guerriers kirdis.
Il vivait au milieu d’eux d’une manière très simple, marchant pieds nus comme les autochtones et vivant naturellement avec ce peuple, réussissant ainsi sa mission. Parmi les Kirdis, il a traversé les montagnes pour prêcher l’évangile et a construit des écoles pour la population locale. Dans cette partie du pays, Maroua-Mokolo, son nom est célébré au-delà de la communauté chrétienne, car il n’a pas travaillé uniquement pour les chrétiens mais avec tous. Il voyait en eux la réalisation de l’espoir et, grâce à cela, il a amené beaucoup de personnes à connaître Jésus-Christ.
Fête nationale du Cameroun
« Nous sommes tous frères et sœurs malgré nos différences, même si Baba Simon n’avait pas les moyens de faire de grandes choses comme d’autres aujourd’hui, il a réussi à construire des cœurs, reprend Sir Agnes Dedjehe. Même les non-chrétiens donnent à leurs enfants les noms Baba Simone ou Simone en son honneur. Il nous a envoyé un message clair pour sortir de notre zone de confort et détruire les frontières qui nous séparent. »
« La cause de la béatification de Baba Simone nous appelle tous à ne pas avoir peur de vivre une vie que les autres ne comprennent pas, analyse de son côté Justin, le séminariste. C’est aussi un signal pour ne pas avoir peur de répandre l’Évangile, non seulement par des paroles, mais par des actions, à travers cette béatification. Baba Simon nous invite à être témoins de notre foi en Christ en tout temps et en tout lieu, un signe de paix pour notre pays. »
Le séminariste note particulièrement la date de l’annonce de la reconnaissance des vertus héroïques de Baba Simon, survenue le 20 mai, jour de la fête nationale du Cameroun. « C’est un message fort pour nous, les Camerounais, car Baba Simone a donné son corps et son âme pour la paix avec le peuple Kirdi dans les montagnes du Nord du Cameroun. »