RFI | Au Cameroun, le journaliste Anye De Nsoh a été tué par balle, dimanche 07 mai à Bamenda. Le confrère de l’hebdomadaire The Advocate animait un événement dans le quartier Ntarikon lorsqu’il a été pris à parti par des hommes armés non identifiés. Le Camasej, syndicat des journalistes anglophones dénonce un crime crapuleux et réclame justice.
Le meurtre n’a pas été revendiqué mais la région est fortement perturbée par le conflit armé qui oppose les séparatistes anglophones aux forces gouvernementales.
Selon des sources concordantes à Bamenda, il était près de 21h00, le dimanche 7 mai, lorsque des hommes armés ont fait irruption dans un lieu de loisirs au quartier Ntarikon. Anye Nde Nsoh y avait ses habitudes. Féru de musique, il y officiait occasionnellement comme impresario.
Lorsque les assaillants arrivent sur les lieux, le confrère vient d’aller faire une course, quelques centaines de mètres plus loin. A son retour, il est criblé de balles par ses bourreaux et s’effondre sur le coup. Les assaillants repartiront aussitôt, après leur meurtre.
Anye Nde Nsoh a-t-il été délibérément ciblé ou alors est-il victime d’un malheureux coup du sort ? Difficile pour l’heure d’y répondre, d’autant que le meurtre n’a pas été revendiqué. Mais pour les autorités, le forfait est l’œuvre des combattants séparatistes qui essaiment dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest.
Le Camasej, principal syndicat des journalistes anglophones dont il était membre, a condamné ce meurtre et demandé l’ouverture d’une enquête.
C’est le troisième meurtre de journaliste au Cameroun depuis le début d’année. En janvier dernier, le corps sans vie de l’ancien directeur de Amplitude FM, Martinez Zogo, avait été retrouvé près de Yaoundé gravement mutilé, cinq jours après son enlèvement. Quelques jours après, toujours à Yaoundé, disparaissait aussi dans des circonstances non élucidées à ce jour l’homme de radio Jean Jacques Ola Bébé.
Nous sommes très abattus, nous sommes révoltés, écœurés par cette situation qui devient persistante au Cameroun. Anye Nde Nsoh était un jeune journaliste d’une trentaine d’années. Il travaillait et collaborait dans plusieurs médias. Il venait d’avoir un contrat plus important à Bamenda. Il avait décidé de célébrer cette nouvelle nomination et c’est à cette célébration qu’il a reçu des balles qui l’ont arraché à la vie. Dans les zones en conflit, c’est le deuxième journaliste qui est tué dans de telles conditions. Je ne reviendrai pas sur le cas de Martinez Zogo. L’impunité est devenue une règle au Cameroun. Nous demandons au gouvernement de faire toute la lumière sur cette question-là et de travailler à la sécurité des journalistes. Si on ne peut pas être libre, si on ne peut pas s’exprimer, si on ne peut pas exercer sa profession au Cameroun en toute sécurité, il y a lieu de craindre pour l’avenir de la profession.