Brenda Biya : Une Histoire de Privilège au Milieu de la Répression des LGBTQ+ au Cameroun

CamerounOnline.ORG | Le Cameroun est un pays où les personnes LGBTQ+ vivent sous la menace constante de persécutions. Les relations entre personnes de même sexe sont criminalisées en vertu de l’article 347 du code pénal, avec des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. La loi de 2010 sur la cybercriminalité interdit également l’utilisation de dispositifs électroniques pour des propositions entre personnes de même sexe, passibles de deux ans de prison. Malgré ces lois strictes, Brenda Biya, la fille du président Paul Biya, semble jouir d’un statut intouchable après avoir fait son coming-out en tant que lesbienne en 2024.

La Persécution des LGBTQ+ au Cameroun

La situation des LGBTQ+ au Cameroun est dramatique. Arrestations, tortures et humiliations publiques sont fréquentes pour les personnes soupçonnées d’entretenir des relations homosexuelles. Des vidéos d’attaques violentes contre des personnes LGBTQ+ circulent souvent sur les réseaux sociaux, nourrissant encore davantage les sentiments homophobes. En octobre 2024, des procureurs à Douala ont ordonné des examens anaux forcés sur quatre détenus, dans une tentative discréditée de « prouver » leur homosexualité. De tels actes illustrent l’ampleur de la discrimination et de la déshumanisation auxquelles cette communauté est confrontée.

Le Paradoxe Brenda Biya

Malgré ces mesures draconiennes, le coming-out public de Brenda Biya l’été dernier a suscité des réactions mitigées. Si de nombreux groupes de défense des droits ont salué son courage, des questions ont émergé quant aux privilèges dont elle bénéficie en tant que fille du président. Brenda continue de vivre librement, voyageant à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun et organisant des événements publics. Plus récemment, elle a lancé Bree Cosmetics à Yaoundé, un événement luxueux auquel ont assisté des membres de l’élite camerounaise et des responsables gouvernementaux — le même gouvernement qui applique les lois anti-LGBTQ+.

Cette liberté contraste fortement avec la réalité vécue par d’autres Camerounais LGBTQ+, qui risquent l’emprisonnement ou pire simplement pour être eux-mêmes. Cette situation soulève une question essentielle : faire son coming-out au Cameroun est-il un privilège réservé aux personnes bien connectées ?

Réactions et Défis

Les opposants aux lois anti-LGBTQ+ au Cameroun ont mis en lumière une hypocrisie manifeste. Par ailleurs, l’année dernière, le Mouvement DDHP a déposé une plainte contre Brenda Biya auprès du procureur de la République, affirmant que « personne n’est au-dessus des lois ». Selon Philippe Nsoue, membre du groupe, « chaque fois qu’un citoyen camerounais ou un étranger commet des actes contraires à la [situation LGBTQ+] dans notre pays, nous devons engager des recours judiciaires ».

Malgré ces appels à l’action, Brenda Biya reste intouchée par les lois qui ont détruit d’innombrables vies. Sa capacité à vivre ouvertement en tant que lesbienne dans un pays hostile aux LGBTQ+ met en lumière les profondes inégalités au sein du système judiciaire camerounais.

Alice Nkom et la Lutte pour les Droits Humains

Alors que Brenda Biya bénéficie d’une impunité, la célèbre avocate et militante des droits humains Alice Nkom fait face à des persécutions gouvernementales. Nkom, défenseure vocale des droits LGBTQ+ et présidente du Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (Redhac), est accusée de mettre en danger la sécurité de l’État, de financer le terrorisme et de soutenir des groupes séparatistes. Le 14 janvier 2025 — le jour de son 80? anniversaire — elle a comparu devant la Gendarmerie nationale pour répondre à ces accusations.

Le gouvernement camerounais a également ciblé Redhac, suspendant ses activités et scellant ses bureaux pour des raisons juridiques discutables. Nkom a défié cette décision, affirmant que le gouvernement n’avait pas suivi les procédures établies par une loi de 1990 pour suspendre une organisation.

Un Pays aux Deux Poids, Deux Mesures

Les expériences contrastées de Brenda Biya et de la communauté LGBTQ+ au sens large mettent en lumière les inégalités profondes au Cameroun. Tandis qu’une personne jouit de l’immunité grâce à son statut privilégié, d’autres font face à l’emprisonnement, à la torture, voire pire pour la même identité. L’histoire de Brenda soulève des questions critiques sur la justice, l’égalité et l’application des lois au Cameroun.

Dans un pays où les individus LGBTQ+ sont criminalisés, la liberté dont jouit Brenda Biya rappelle brutalement le pouvoir du privilège — et la nécessité urgente d’un changement systémique.

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